Centre Ophtalmologique de la Gare à Lausanne

Quelle est la composition chimique des larmes? – EPFL

Publication : Question de science

Réponse : contient plus d’hormones quand on pleure de joie. Ou de tristesse, du reste.

Une drôle d’affaire que ces larmes: un liquide sécrété par notre corps lors de grands moments de joie ou lors de moments de tristesse. Elles peuvent surgir quand nous ressentons une forte douleur, une immense joie, lors d’un fou-rire si nous visionnons un film drôle ou si dans notre cuisine nous pelons des oignons.

Liquide transparent, les larmes sont composées essentiellement d’eau (98%). Cependant, cette apparence simplicité chimique, cache une organisation complexe. Les larmes qui recouvrent la surface de l’œil sont composées de trois couches: une couche muqueuse ou mucineuse qui colle directement sur la surface de la cornée et qui permet à la couche aqueuse de coller à l’ensemble de la surface oculaire, une couche aqueuse sécrétée par les glandes lacrymales qui a une fonction de mouillage de la surface oculaire, et une couche lipidique qui recouvre la couche aqueuse et qui empêche son évaporation, augmentant ainsi son effet de mouillage des cellules de la surface oculaire. Cette organisation complexe cache d’autres secrets et la composition des larmes peut changer en fonction de la situation.

Il faut ensuite distinguer les trois types de larmes. D’abord, les larmes de lubrification qui lissent, humidifient, nourrissent et oxygènent en continu la cornée. Continuellement sécrétées par les glandes lacrymales situées au dessus de l’œil, en dessous des sourcils, les larmes s’écoulent sur la surface de la cornée (hublot transparent en avant de la couleur de l’œil) et de la conjonctive (blanc de l’œil) pour s’évacuer par le canal lacrymal jusqu’aux fosses nasales. Là, elles sont éliminées dans l’air sous forme de micro-gouttelettes lors de l’expiration.

Deuxièmement, il y a les larmes réflexes ou larmoiement réflexe qui répond à une agression mécanique ou chimique et crée une irritation : c’est l’épluchage d’un oignon par exemple. Ces larmes sont une réponse à une urgence et ont une fonction d’épuration, de nettoyage de la surface oculaire. On place aussi dans cette catégorie les larmes qui surgissent suite à un éblouissement, un fort bâillement ou un irrésistible fou-rire.

La troisième catégorie, sans doute la plus mystérieuse et unique à l’espèce humaine, est celle des larmes de l’émotion. Aussi irrépressibles que les autres, elles jaillissent en cas de fort stress. On prête à ce type de larmes plusieurs vertus notamment évolutives, facilitant la communication entre individus, ou de régulation interne, permettant la libération de tensions accumulées. Comme les larmes de réflexe, elles provoquent une sécrétion lacrymale trop importante, saturent les canaux naturels et débordent sur les joues.

Quid de leur composition chimique? La recette de base est la même pour tous les types: beaucoup d’eau, du chlorure de sodium (du sel), des lipides, du glucose, des sels minéraux, de l’urée, des protéines comme les lysozymes, lactotransferrines, albumines ou globulines. Les deux premières ont un important effet antiseptique protégeant l’œil des agressions microbiennes.

Dans les larmes émotionnelles, s’ajoute une concentration plus importante de protéines et d’hormones. La prolactine notamment – l’hormone qui chez la femme stimule la production de lait – et la leucine encéphalique, qui agit sur la douleur. On y trouve aussi des toxines associées au stress et des antalgiques. Ceci dit, la composition des larmes «émotionnelles» est loin d’avoir dévoilé tous ses mystères. En janvier 2011, par exemple, des chercheurs israéliens ont publié une étude dans Science qui révèle que les larmes des femmes contiendraient des substances chimiques susceptibles de réduire l’excitation sexuelle de ces Messieurs.

Merci au Docteur François Majo de l’Hôpital Ophtalmique Universitaire Jules-Gonin pour sa précieuse collaboration.

Date de publication

Auteur au sein du COG

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